Petit-fils et arrière petit-fils d’horlogers, je fus passionné très tôt, de façon quasi génétique, par ce que l’on appelait jusqu’à peu l’art de l’horlogerie.
De ses multiples facettes, toutes me fascinent et me questionnent. Je savoure autant les chefs d’œuvre artistiques de l’époque Boulle que le mémoire d’Édouard Phillips sur le tracé des courbes terminales, j’admire également la vie d’un Julien Couldray au début du XVIème siècle que celle de George Daniels, je reste pantois devant l’édifice chronométrique que nous a légué Pierre Le Roy comme devant une horloge à automates de la Renaissance.
Je me plais à voir la matière brute se transformer peu à peu pour laisser apparaître un levier, une roue, un axe… sous le coup de la scie, de la lime, du burin ou autre outil manié par une main qui se veut toujours plus précise et expérimentée.
J’aime la poésie du mouvement, des sonneries et de ce qu’elles peuvent annoncer, du vocabulaire horloger dont la gamme va du coq au chaperon, de la levée au marteau, du secret à la surprise, de la roue folle à l’excentrique, de la chaussée à l’arrêtage…
Par la restauration de garde-temps anciens, je laisse les maîtres du passé me former, me transmettre leurs idées pleines de génie et me faire admirer leur savoir-faire époustouflant ! J’y puise aussi une sorte d’humilité, considérant que tout ce qui a été fait l’a été sans notre technologie, nos matériaux, notre électricité…
La création m’apporte quant à elle l’épanouissante possibilité de m’exprimer à travers mes montres, de chercher l’harmonie, d’avoir une page blanche à remplir. Le processus créatif est un processus de remise en question permanent, à l’image de la vie, où le temps est constamment en mouvement…